le goût du faux et autres chansons - la Vie Brève - théâtre de la Cité Internationale - théâtre de Vanves - Théâtre Garonne...



















avec Robert Plankett
la Vie Brève continue de laisser une attente


le Goût du faux et autres chansons
ne propose pas aux spectateurs de fil conducteur
il faudra accepter de s'y perdre un peu

12 comédiens qui ont proposé des séquences

retenues pour beaucoup de non gardées


la 1ère représentation durait 3h30
coupées depuis à un temps qui s'étire encore 

Jeanne Candel n'a pas voulu imposer de véritable cohérence

et le Goût du faux se déroule à mesure protéiforme
passant d'un gag burlesque réussi
mais qui en ouverture accuse une réception un peu froide

un repas chez un écrivain en panne d'inspiration

Louis Guillou reconnaissait que se cultiver c'est se couper des autres
les relations s'étiolent entre vacuité et condescendance
les uns fatigués d'un savoir qui a souvent attiré l'humanité vers le pire
les autres s'en détournant avec un déconcertant aveuglement
les échanges ne se réduiraient presque plus qu'à des interjections
des demi regards


des performances surtout de comédiennes

des cosmonautes vaporeux qui rappellent l'univers de Philippe Quesne

sur un spectacle aussi long 

la rencontre avec le public ne va laisser que peu de traces
ténues    petits détails    petits riens 
des spectateurs parlent du RER qui passe en dessous
une équipe de 30 intermittents pour ce pas assez...
qui semble regarder à l'intérieur du théâtre
et réutiliser des formules 
si le théâtre est le berceau des comédiens
certains êtres n'aspirent pas à regarder éternellement dans leur berceau

des spectatrices observent que les femmes sont plus affirmées

Laure Mathis apporte à nouveau à la pièce une des séquences les plus réussies

la collectionnite tirée vers l'absurde ou le compulsif
et pourtant la comédienne s'est heureusement arrêtée
là où des David Lynch collectionne ses chewing gum sculptés par ses dents
combien chez Christie's ?
là où des Philippe Katerine collectionne ses étrons dans le congélateur de ses parents...

la proposition de Laure Mathis peut renvoyer à la tradition des reliquaires

le musée de Châteauroux présente le reliquaire de Vivant Denon
qui avait poussé la conservation à un degré fétichiste
les visiteurs peuvent voir des poils de barbe de Henri IV
un bous d'os de La Fontaine ou encore de Molière
le même musée présente justement en flacon 
de la terre provenant du jardin de Napoléon à Sainte Hélène
ainsi que des gravas de sa tombe cassée lors de son transfert aux Invalides
il s'agissait là de construire la légende

des spectatrices relèvent que les hommes semblent en panne

comme justement fatigués de jouer les imposteurs

Jacques Brel estimait que tous les hommes sont relativement infirmes

la culture est ce qui leur permet de combler un manque
d'avoir de l'assurance

mais depuis ces propos
l'assurance n'est plus culturelle
les faussaires ont gagné en artifice

Jean-Luc Godard et d'autres font ce constat depuis longtemps 
de jeunes générations qui sont blasées de tout avant d'avoir vécu
qui ne sont plus ébahies d'être au monde
mais comme en deuil de leur naissance
de là à comprendre ce ricanement 
moqueur même des joies des autres
et qui ne comprend pas la joie que peut engendrer un Elvis Presley
est vraiment à plaindre
mais quand il s'agit d'une partie du public qui est moqueur
c'est que le goût du faux est hélàs vraiment installé

l'épistémologie du bavardage n'a t-elle pas déjà renvoyé à des profonds leurres

dans lesquels il leur faudrait éviter de trop regarder

les spectateurs attendront une envie de pouvoir aimer ce spectacle

qui dans sa forme actuelle laisse quand même une queue de Léviathan












le goût du faux

tu as rendez vous avec un metteur en scène
un petit déjeuner
et puis tu apprends que ta mère vient de mourir
l'espace se dérobe
le temps s'étire
comme suspendu
c'est arrivé si soudainement
forcément tu ne t'y attendais pas
tu te retrouves dans un état second
tu maintiens le rendez vous avec le metteur en scène
le lendemain de l'enterrement de ta mère
tu te poses la question
tu te dis 
ça ne fera pas oublier
mais il y aura quelque chose d'autre
pour passer un peu le cap
et puis il faudrait encore courir après l'agenda du metteur en scène
enfin
tu maintiens le rendez vous
le metteur en scène te promet monts et engagements
il y a des perspectives
tu écoutes ça comme dans un état second
des lignes de fuite à chercher
là où tu ressens des manques
ton agenda parait se remplir un peu
alors qu'il vient de se vider
et puis au fil des semaines
au fil des mois
non
décidément non
le téléphone ne sonne pas
pas de sms
pas de mails
rien
les projets se font sans toi
plus tard
beaucoup plus tard
tu entendras un "merci de venir encore"

être de bonne composition
ça a ses limites

alors tu finis par te dire
non
ce n'est pas l'aboiement du chien  
qui est la honte du monde animal
le chien ne fait que ce que son maître l'a dressé à faire
si honte du monde animal il y a
ce serait bien le jacassement humain
et c'est encore la voix de ses maîtres

tu parcours la province
des villes remplies de faux
presque plus que ça
du Premium Design partout
des baguettes Prestige dans des boulangeries !
du parfum à outrance qui empeste
des centre villes populaires transformés en quartiers bobo
et quand tu trouves un peu d'authentique
tu te rends compte qu'il n'y a personne autour de toi

là où il y a du monde
tu vois des gens agglutinés dans un bruit assourdissant
tu entends des ricanements
la rance forte qui n'a jamais connu la séparation de l'Église et de l'État
et l'État tu sais bien qu'il s'appuie sur les vieilles valeurs d'ordre moral
le système doit bien continuer à payer les spéculateurs

un jour 
la spéculation sera reconnue comme un crime contre l'humanité


tu trouves un peu de nature
qu'ils n'ont pas encore bousillée
de la nature avec des couleurs
pas encore en noir et blanc
mais tu te dis ça viendra
alors tu gardes
tu enregistres parce que tu as envie de revoir ça
un jour le monde aura perdu toutes ses couleurs
et ils vivront en noir et blanc
la plupart vivent déjà en noir et blanc
ou plutôt tout en noir

avant dans les films de Walt Disney
les gentils étaient en blanc
les méchants étaient en noir

maintenant ils sont tous du côté des pourris 
et fiers de l'être

des robots sociaux drapés de consensuels
plus de cons que de sensuel d'ailleurs

et comme tu refuses de te faire absorber
que tu es devenu une minorité
ils décrètent que le goût du faux 
c'est toi

tu fumes toujours pas ?
tu bois pas de bière ?
tu t'habilles pas en corps beau ?
t'as pas la 4G ?
t'as pas le dernier Heil Phone ?
t'as pas de Mercedes ?

tu pars avec ta voiture
tu fais de l'autoroute
tu vois du béton
tu vois du bitume
tu fermes les yeux
tu arrives en ville
tu cherches une place
tu trouves une place
tu fais un tour autour de la place
tu repars avec ta voiture
tu fais de l'autoroute
tu vois du béton
tu vois du bitume
tu fermes les yeux

- c'est bien Albi ?
- oh Albi y'a rien à voir là bas
- mais vous êtes restée autour de la gare ?


- c'est bien Agen ?
- oh Agen y'a rien à voir là bas
- mais vous regardez quoi avec vos yeux...



- avant quand j'étais petite
    et que je regardais un film en noir et blanc
    je croyais que les gens vivaient en noir et blanc
- c'est ce qui est en train d'arriver


Mon dieu
quelle agressivité
il était trop bizarre pour copiner avec lui
je comprends pas ce qu'il dit
mais à part ça 
il est sympathique ce garçon



si tu laisses les commères prendre en main ton destin
c'est la fin















le Voleur de Talan - Pierre Reverdy

pour mentir une seule fois







































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire