Gustave Courbet : le régime de la liberté






l'homme blessé 1844 1854
dit aussi portrait de l'artiste









Gustave Courbet le régime de la liberté




Mon cher ami


dans l'existence il y a des natures malheureuses,

ce sont celles qui naissent,
on ne sait pourquoi,
avec l'esprit du bien, du juste
sans autre intérêt que l'amour de la justice.



Je crois que nous les gagnerons ces 40 000 francs

(quand même nous ne spéculerions que sur la haine et l'envie).

en France, la pauvreté est un brevet d'honnêteté

les riches seuls ont le moyen de voler
nous pouvons donc nous entendre






Quand j'ai pris le parti d'aimer quelqu'un, c'est pour la vie !
Vous êtes mon ami, vous n'en pouvez douter.
Les gens qui sentent et aiment sur la terre sont si seuls
que vous ne pouviez m'échapper.







Oui, cher ami, dans votre société si bien civilisée,
il faut que je mène une vie de sauvage.
Il faut que je m'affranchisse même des gouvernements.
Le peuple jouit de mes sympathies.
Il faut que je m'adresse à lui directement,
que j'en tire ma science, et qu'il me fasse vivre.
Pour cela, je viens donc de débuter 
dans la grande vie vagabonde et indépendante du bohémien.
Vous vous trompez ce n'est pas ce qu'on appelle banquiste.
Le banquiste est un flâneur,
c'est celui qui n'a que les dehors de ce qu'il professe,
tels les académiciens, les arracheurs de dents
montés sur des carrosses et maniant de l'or.




















Il est venu deux mille paysans à Ornans voir mes tableaux.

Ils me demandaient tous en sortant combien ils me devaient.
J'avais beau leur dire que je leur devais bien cela,
que j'étais dans mon pays,
ça ne les satisfaisait pas.
J'ai beaucoup perdu dans leur estime,
ils étaient tentés de me prendre pour un imbécile,
ce qui prouve écidemment que le grand coeur c'est de la niaiserie
par le fait que vous vous privez des moyens d'action
sans enrichir les autres,
ni par l'esprit ni par la bourse.

Afin d'être libre,

l'homme veut payer pour que son jugement ne soit pas influencé
par la reconnaissance.
Il a raison.


















Avec ce masque riant que vous me connaissez,
je cache à l'intérieur, le chagrin, l'amertume,
et une tristesse qui s'attache comme un vampire.







Dans la société où nous vivons,
il ne faut pas beaucoup travailler pour trouver le vide.
Il y a vraiment tant de bêtes, que c'est décourageant,
à tel point qu'on redoute de développer son intelligence
dans la crainte de se trouver dans une solitude absolue.
J'ai brulé mes vaisseaux. J'ai rompu en visière avec la Société.
J'ai insulté tous ceux qui me servaient maladroitement.
Et me voici maintenant seul en face de cette Société.
Il faut vaincre ou mourir


Si je succombe, on m'aura payé cher, je vous le jure.
Mais, je sens de plus en plus que je triomphe,
car nous sommes deux et à l'heure qu'il est à ma connaissance,
seulement peut-être 6 ou 8, tous jeunes, tous travailleurs acharnés,
tous arrivés à la même conclusion par des moyens divers.
Mon ami, c'est la vérité, j'en suis sûr comme de mon existence,
dans un an nous serons un million. 






Je désire vous raconter un fait.

Avant que je ne quitte Paris, M. Nieuwerkerque, directeur des Beaux Arts,
m'a fait inviter à déjeuner, au nom du Gouvernement,
et de crainte que je ne refuse cette invitation,
il avait pris pour ambassadeurs : MM Chenavard et Français,
deux satisfaits, deux décorés.


Je dois dire à leur honte qu'ils remplissaient un rôle gouvernemental
vis-à-vis de moi.
Ils préparaient mon esprit à la bienveillance et secondaient les vues de M. le directeur.
D'autre part, ils auraient été contents que je me rendisse comme eux.
Après qu'ils m'eurent bien conjuré d'être ce qu'ils appelaient bon enfant,
nous nous rendîmes au déjeuner, chez Douix, au Palais Royal,
où M. de Nieuwerkerque nous attendait.


Aussitôt qu'il m'aperçut, il s'élança sur moi en me pressant les mains
et s'écriant qu'il était enchanté de mon acceptation,
qu'il voulait agir franchement avec moi
et qu'il ne me dissimulait pas qu'il venait pour me convertir.
Les deux autres échangèrent un coup-d'oeil qui voulait dire : quelle maladresse !
Il vient de tout gâter.


Je répondis que j'étais tout converti,
que pourtant s'il voulait me faire changer de manière de voir,
je ne demandais pas mieux que de m'instruire.


Il continua en me disant que le gouvernement était désolé de me voir aller seul,
qu'il fallait modifier mes idées, mettre de l'eau dans mon vin,
qu'on était tout porté pour moi, que je ne devais pas faire la mauvaise tête;
enfin toutes sortes de sottises de ce genre.


Puis il termina en me disant que le Gouvernement désirait que je fasse un tableau
dans tout ma puissance pour l'exposition de 1855,
que je pouvais compter sur sa parole et qu'il mettrait pour condition
que je présente une esquisse et que le tableau fait,
il serait soumis à un conseil d'artistes que je choisirais
et à un comité qu'il choisirait de son côté.


Je vous laisse à penser dans quelle fureur je suis entré après une pareille ouverture.


Je répondis immédiatement que je ne comprenais absolument rien
à tout ce qu'il venait de me dire,
d'abord parce qu'il m'affirmait qu'il était un Gouvernement
et que je ne me sentais nullement compris dans ce Gouvernement,
que moi aussi j'étais un Gouvernement
et que je défiais le sien de faire quoi que ce soit pour le mien que je puisse accepter.


Je continuai en lui disant que je considérais son Gouvernement comme un simple particulier,
que lorsque mes tableaux lui plairaient, il était libre de me les acheter
et que je ne lui demandais qu'une chose,
c'est qu'il laisse l'art libre dans son exposition
et qu'il ne soutienne pas avec un budget de 300 000 francs,
trois mille artistes contre moi.


Je continuai en lui disant que j'étais seul juge de ma peinture,
que j'étais non seulement un peintre, mais encore un homme,
que j'avais fait de la peinture, non pour faire de l'art pour l'art,
mais bien pour conquérir ma liberté intellectuelle
et que j'étais arrivé par l'étude de la tradition à m'en affranchir
et que moi seul, de tous les artistes français mes contemporains,
avais la puissance de rendre et de traduire d'une façon originale
et ma personnalité et ma Société etc... etc...


Ce à quoi il me répondit :
- M. Courbet, vous êtes bien fier !
- Je m'étonne, lui dis-je, que vous ne vous en aperceviez seulement que maintenant,
   Monsieur, je suis l'homme le plus fier et le plus orgueilleux de France !


Cet homme qui est le plus inepte que j'ai rencontré peut-être de ma vie,
me regardait avec des yeux hébétés.
Il était d'autant plus stupéfait qu'il avait dû compromettre à ses maîtres
et aux Dames de la Cour qu'il allait leur faire voir comment on achetait un homme
pour vingt ou trente mille francs.


Il me demanda encore si je n'enverrais rien à cette exposition.
Je lui répondis que je ne concourrai jamais parce que je n'admettrais pas de juges,
que pourtant il pouvait se faire que je leur envoie par cynisme mon Enterrement
qui était mon début et mon exposé de principes,
qu'ils se démêleraient avec ce tableau comme ils pourraient,
mais que j'espérais à moi seul (peut-être) de faire une exposition en rivalités de la leur,
qui me rapporterait quarante mille francs en argent
que je ne gagnerais certainement pas avec eux.


Je lui rappelais aussi qu'il me devait quinze mille francs
pour les droits d'entrée qu'ils avaient perçus avec mes tableaux
dans les expositions antécédentes,
que les employés m'avaient assuré qu'individuellement
ils conduisaient deux cents personnes par jour devant mes Baigneuses.


Ce à quoi il répondit la bêtise suivante :
que ces personnes n'allaient pas pour les admirer.


Il me fut facile de répondre en récusant son opinion personnelle
et en lui disant que la question n'était pas là,
que    soit pour critique, soit pour admiration,
la vérité était qu'ils avaient touché les droits d'entrée
et que la moitié des comptes rendus des journaux portaient sur mes tableaux.


Il continua en me disant qu'il était bien malheureux
qu'il se trouve au monde des gens comme vous,
qu'ils étaient nés pour perdre les plus belles organisations
et que j'en serais un exemple frappant.


Je me suis mis à rire aux larmes
en lui assurant qu'il n'y aurait que lui et les académies qui en souffriraient.


Je n'ose vous parler davantage de cet homme,
je crains de vous ennuyer par trop.


Pour terminer, il finit par quitter la place,
nous laissant en plan, dans la salle du restaurant.
Il laissa passer la porte, je luis pris la main et lui dis :


- Monsieur, je vous prie de croire que nous sommes toujours aussi amis.
Puis je me retournais du côté de Chenavard et de Français
en les priant de croire aussi, qu'ils étaient deux imbéciles.


Ensuite nous allâmes boire de la bière.


Voici encore un mot de M. de Nieuwerkerque qui me revient :
- J'espère, me disait-il, Monsieur Courbet, que vous n'avez pas à vous plaindre,
le Gouvernement fait assez de coquetteries à votre égard.
Personne ne pourra se flatter d'en avoir eu autant que vous !
Remarquez bien que c'est le Gouvernement et non pas moi
qui vous offre aujourd'hui à déjeuner.


Si bien que je suis redevable au Gouvernement d'un déjeuner.
Je voulais lui rendre, mais cela a mis en colère Chenavard et Français.


Vous voyez, mon cher ami, que nous avons carrière ouverte
et nous pouvons nous livrer à notre indépendance
avec connaissance de cause.








Je suis enchanté que vous vous reposiez sur moi.
Je ne vous faillirai pas, soyez-en convaincu !
Faites-moi cet honneur, car j'ai pour garant
une haine des hommes et de notre société
qui ne s'éteindra qu'avec moi.



J'ai étudié, en dehors de tout esprit de système et sans parti pris
l'art des anciens et l'art des modernes.
Je n'ai pas voulu imiter les uns que copier les autres,
ma pensée n'a pas été davantage d'arriver au but oiseux de l'art pour l'art !


Non, j'ai voulu tout simplement puiser dans l'entière connaissance de la tradition
le sentiment raisonné et indépendant de ma propre individualité.

Savoir pour pouvoir, telle fut ma pensée.
Etre à même de traduire les moeurs, les idées, l'aspect de mon époque,
selon mon appréciation, être non seulement peintre,
mais encore un homme, en un mot,
faire de l'art vivant, tel est mon but.








Mon cher, il y avait un coup monté contre moi épouvantable. 
Heureusement que je m'en suis aperçu à temps.

Les tableaux que j'ai à l'exposition sont horriblement mal placés 
et ne puis obtenir à les faire placer ensemble comme le  règlement le comporte.

En un mot, on voulait en finir avec moi, on voulait me tuer.
Depuis un mois je suis désespéré. Ils m'ont refusé systématiquement mes grands tableaux,
en déclarant que ce n'était pas la peinture qu'ils refusaient, mais l'homme.


...je voulais être sûr de cette exposition
qui trouvait des obstacles partout.


méfiez-vous de l'organisation actuelle de l'Exposition,

des directeurs, des sous-directeurs, des chefs, des sous-chefs,
des secrétaires, des employés de tout ordre, des placeurs,
des chefs du matériel, des sous-chefs, des accrocheurs,
des garçons de salle.
Toute cette clique est corrompue à fond,
ce sont des faiseurs de chantage.
Ces audacieux viennent vous parler familièrement devant le public,
empoisonnant le monde avec leur odeur d'eau-de-vie.
Toute cette pourriture vous fait plus de mal que vous ne pensez.
Ils connaissent tous les amateurs et acheteurs de tableaux,
et les détournent des achats qui ne leur plaisent pas.
Dans votre nouvelle organisation, mettez-moi tout cela à la porte,
car les uns rançonnent les artistes, avec des tableaux et des esquisses,
et les autres avec des pourboires...

La Ville de Paris m'a tenu le bec dans l'eau
pendant un moi et demi avec les terrains.
A la fin nous avons découvert, mais trop tard,
qu'elle voulait un pot de vin de  100 000 francs.
On voulait avoir raison de moi
et des acquéreurs que j'ai trouvés.
Que de peine dans la vie, cher ami,
vous devez d'ailleurs en savoir quelque chose...


Mes ennemis feront ma fortune. 
Cela m'a donné le courage de mes idées, 
idées que je vous communiquais depuis déjà longtemps.

L'esprit se trouve dans toutes les classes de la société
mais l'indépendance se trouve cent fois plus chez les pauvres
que chez les riches

Je conquiers la liberté, je sauve l'indépendance de l'Art.









Dans ce moment, j'ai un genre d'occupation ridicule.
Je suis à la poursuite des voleurs.


Je cherche à rattrapper les tableaux qui m'ont été volés
de toute part.
Hier encore on en vendait deux à la salle des Commissaires priseurs
qui m'ont été volés, il y a quelque temps à Londres.
Ils ont été vendus 4500 francs.
C'est dur de voir passer cet argent sans pouvoir y toucher.
L'homme qui tenait mon exposition a été  condamné à deux ans de prison,
on a estimé qu'il avait pris 4 ou 5000 francs.








Mon cher Alfred,

si vous avez l'inimitié des puissants,
ça vient de ce que vous aimez les gens de valeur et de génie
et que courageusement vous le leur prouvez.
Vous n'avez donc pas à vous plaindre.

extrait de lettres de Gustave Courbet 
notamment à Alfred Bruyas

























Maurice Richard, ministre des lettres, sciences et beaux-arts 
et ami du peintre, avait voulu faire une surprise à ce dernier
en le nommant chevalier de la Légion d'Honneur. 
Courbet refusa cette récompense


Voici sa lettre :

Paris, le 23 juin 1870.

Monsieur le Ministre,

C'est chez mon ami Jules Dupré, à l'Isle-Adam, que j'ai appris l'insertion au Journal officiel d'un décret qui me nomme chevalier de la Légion d'honneur. Ce décret, que mes opinions bien connues sur les récompenses artistiques et sur les titres nobiliaires auraient dû m'épargner, a été rendu sans mon consentement, et c'est vous, Monsieur le Ministre, qui avez cru devoir en prendre l'initiative.

Ne craignez pas que je méconnaisse les sentiments qui vous ont guidé. Arrivant au ministère des beaux-arts après une administration funeste qui semblait s'être donné à tâche de tuer l'art dans notre pays, et qui y serait parvenue, par corruption ou par violence, s'il ne s'était trouvé çà et là quelques hommes de cœur pour lui faire échec, vous avez tenu à signaler votre avènement par une mesure qui fit contraste avec la manière de votre prédécesseur [le maréchal Vaillant, ministre de la Maison de l'empereur et des beaux-arts]. Ces procédés vous honorent, mais permettez-moi de vous dire qu'ils ne sauraient rien changer ni à mon attitude, ni à mes déterminations.

Mes opinions de citoyen s'opposent à ce que j'accepte une distinction qui relève essentiellement de l'ordre monarchique. Cette décoration de la Légion d'honneur, que vous avez stipulée en mon absence et pour moi, mes principes la repoussent. En aucun temps, en aucun cas, pour aucune raison, je ne l'eusse acceptée. Bien moins le ferai-je aujourd'hui que les trahisons se multiplient de toutes parts, et que la conscience humaine s'attriste de tant de palinodies intéressées. L'honneur n'est ni dans un titre, ni dans un ruban : il est dans les actes, et dans le mobile des actes. Le respect de soi-même et de ses idées en constitue la majeure part. Je m'honore en restant fidèle aux principes de toute ma vie : si je les désertais, je quitterais l'honneur pour en prendre le signe.

Mon sentiment d'artiste ne s'oppose pas moins à ce que j'accepte une récompense qui m'est octroyée par la main de l'État. L'État est incompétent en matière d'art. Quand il entreprend de récompenser, il usurpe sur le droit public. Son intervention est toute démoralisante, funeste à l'artiste, qu'elle abuse sur sa propre valeur, funeste à l'art, qu'elle enferme dans des convenances officielles et qu'elle condamne à la plus stérile médiocrité. La sagesse pour lui est de s'abstenir. Le jour où il nous aura laissés libres, il aura rempli vis-à-vis de nous tous ses devoirs.


Souffrez donc, Monsieur le Ministre, que je décline l'honneur que vous avez cru me faire. J'ai cinquante ans, et j'ai toujours vécu libre. Laissez-moi terminer mon existence, libre ; quand je serai mort, il faudra qu'on dise de moi : Celui-là n'a jamais appartenu à aucune école, à aucune église, à aucune institution, à aucune académie, surtout à aucun régime, si ce n'est le régime de la liberté !...

                                                 Gustave Courbet






















Suit la Commune, 
où Gustave Courbet est élu président de la Fédération des Artistes de Paris. 


Suit la répression de la semaine sanglante du 21 au 28 mai 1871. 



Gustave Courbet ne veut pas revoir le bain de sang de 1848. Il se réfugie chez un ami et sera débusqué le 7 juin. Emprisonné et condamné le 2 septembre 1871 à six mois de prison et 500 francs d'amende, pour cause d'incitation à la démolition de la colonne Vendôme. En 1873, les Orléanistes versaillais de Mac Mahon votent la rédéification de la colonne de déshonneur. 

Le Ministre des Finances ordonne la séquestration de tous les biens sur le territoire français de Gustave Courbet, qui se réfugie en Suisse.

Courbet est condamné en 1874, puis en 1877 à 323 091 F de dette à payer en 33 annuités de 10 000 F à compter du 1er janvier 1878.



Gustave Courbet meurt à l'âge de 57 ans le 31 décembre 1877.
























l'hallali du fonctionnaire


non
Courbet n'est pas mort le 31 décembre 1877
un pied de nez énorme 
à sa condamnation à compter du 1er janvier 1878

Courbet continuait en Suisse d'alimenter sa caricature
d’alcoolique poly malade en dépression


magnifiques tableaux méconnus
de marines sur le lac Léman
le panorama des Alpes... ciselé comme de la dentelle
Courbet envoie une lettre à sa soeur Juliette
où il lui annonce qu’il se porte très bien

Courbet se déplace sans cesse en Suisse
et en novembre 1877  

Courbet se trouve tout près de la frontière
de quoi alimenter la légende

les nombreux échos des Alpes   du Jura et du Doubs
feraient encore ricocher son rire énorme

bien à lui


                                l’homme qui redonna vie à Gustave Courbet





















lever de soleil - Francis Picabia 

























































l'hallali de Gustave Courbet
ou l'atelier des parichiens


























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