12 Millimètres - Julien Boisselier - théâtre de l'Oeuvre



Une pièce à dédier à Bernard Loiseau

victime de la spéculation sur le vin 
organisée par Bernard Arnault
dont on finira par se demander
si au lieu de transférer ses milliards
en Belgique et au Luxembourg
sa vraie place ne serait pas en taule ?

12 Millimètres
une pièce âpre qui aura peut-être du mal
à tenir les deux mois de programmation

le thème serait l'agressivité sournoise de la société
de la joliesse en façade
rapidement lézardée par les rouages du capitalisme sauvage


Julien Boisselier campe un chef cuisteau
animateur de télé
les spectateurs assistent à une mise en scène d'enregistrement d'émission 

le Chef se veut bon copain
et vire rapidement à l'aigre

un pétage de plombs "en direct"

au menu de chaque jour 
elle a choisi l'aptitude aux bonnes heures

les spectateurs étaient venus en 4 quarts 
la plupart sortent décontenancés
d'autant que la pièce est allègrement décousue

une pièce à recommander aux psys en tout genre
ils sont nombreux à phagocyter la cul ture

Pari gagné ? 
Pari risqué





Le Cas Sneijder - théâtre de l'Atelier - le Philosophe Indigent - le Horla - théâtre Michel - C'est encore mieux l'après-midi




- il y a beaucoup moins de monde au théâtre qu'auparavant
- les salles de ciné sont pleines
- les théâtres devraient faire une carte d'abonnement
- pourtant au ciné qu'est-ce qu'il faut se farcir comme navets
- il faudrait changer d'expression    parler de popcorn
- oui le navet est un très bon légume
    désaltérant l'été
- coupe faim remarquable
- à manger cru découpé en tranches
- tu connais l'histoire de Manius Curius Dentatus ?
- Dentatus ?
- un Consul romain qui était né avec une dent
    l'empire romain comptait des rebelles partout
- ils les appellent barbares 
- la philosophe Simone Veil estimait que les Romains étaient les Nazis de l'Antiquité
- Dentatus en -290 av JC se démarque de ses successeurs
    les Samnites peuple de l'Italie centrale non loin de Rome
    sont en guerre contre les Romains
    ils sont défaits et tentent de soudoyer Dentatus avec de l'or
    Dentatus leur répond qu'il se contente de navets 
    et que par conséquent il ne peut être corrompu
    l'or n'a été trouvé que pour le malheur des hommes
    il ajoute qu'il préfère commander à ceux qui sont riches
    que de devenir riche lui-même...
    




Le cas Sneijder ou cachez ce miroir
que la société ne saurait voir

- Didier Bezace a adapté le roman de Jean-Paul Dubois
- et joue avec son fidèle complice Pierre Arditi
-  dont le personnage se raccroche à un chien joliment dressé
- Jacques Chancel demandait à Claude Levi Strauss
    si vous aviez la possibilité de passer une soirée avec Mozart  Bach...
    Claude Levi Strauss avait répondu non
    il préférait la compagnie d'un chien   d'un chat
- à la fin de la pièce des spectateurs ont un soupir de soulagement
- ce soupir m'a rappelé la pièce le Faiseur de Balzac
     on y voyait une bonne heure et demi
     un de ces salopards qui présentent bien 
- très bien
- élégant
- si élégants qu'ils sont capables de vendre toute la famille
     comme si tout de la vie 
     ne consistait qu'à sauver les appâts rances
- lorsque l'escroc était sauvé de ses dettes 
    des spectateurs lâchaient un infecte soupir
- le dévoilement des affaires révèle non seulement 
    l'existence de privilèges et de dérives
    mais ce qui est plus choquant encore
    l'acceptation tacite et presque unanime de ces abus
- ils peuvent continuer leurs malversations
     en accord avec ce que l'on appelle si biens   la société
- la Directrice vient faire une visite
    mettez vous sur votre 31
- et le Cas Sneijder ?
- un seul être vous manque
     des êtres vous manquent
     et le monde est à réinventer
- loin des mensonges du savoir vivre
- renoncer aux faux sourires
- renoncer aux postures fausses
- là c'est un pléonasme
- à ce jeu de moutons noirs
    la société ne reconnait que l'agneau qui vient de paître
- et le soupir ?
- il y avait peut être la joie de voir le personnage
    retrouver l'être perdu dans l'au delà
- ce n'était pas ça
- c'était le soupir de la société qui se débarrasse 
   de ce qu'ils appellent les inadaptés 
- inadaptés aux mensonges et manigances
- inadaptés à une prétendue culture de la performance
- qui laisse pour compte en ce moment tant de personnes
- on ne les voit pas tant que ça dans les beaux quartiers
- ce que Claude Sautet et les autres avaient déjà constaté
     c'est le progrès social : éjecter du centre 
- toujours un peu plus loin 
- tu obtiens des microcosmes 
    et de l'entre soi dans les centres-mondes
- de la culture de connivence
- tu prends un écrivain prétendûment de gauche qui déclare
    Napoléon est un con
- et tout le microcosme répète Untel est un con
- et le débat d'idées ?
- ne va pas plus loin
- en littérature le con était le sexe féminin
- beaucoup de cons pensent et écrivent comme des bites
- on ne précisera pas comment ils se cooptent
- résidents de la raie publique
- l'administr'à cons sur son 33
- l'inhumanité est la qualité essentielle
    qui préside à leur recrutement






choisissez des subventions publiques 
qui vous permettront d'être oisifs
vous n'aurez pas à travailler du toux







- Claude Brasseur fait une lecture du Philosophe Indigent
- avec les amusants contrepoints de Anne Causse au violoncelle
- Marivaux peste contre les Parisiens
- à Paris la reconnaissance n'est pas un sentiment qui vient tout seul
- c'est la dernière fois que je viens à Paris

votre orgeuil souffre t-il d'être de leurs amis

la mine des gens gouverne le monde

vous vous honorez d'être du côté des harceleurs
qui poussent au suicide dès les cours d'école
ceux qui ne sont pas assez élégants

élégant : du noir à l'extérieur / du pourri à l'intérieur
code qu'un peu trop de personnes copient par mimétisme
et tenue de travail ultra libérale obligatoire
absorption des individus par des codes uniformes

bien s'être fait moqué à Paris
pour avoir l'honneur d'être admiré en Province

ils ont un désir de Parader

les déplacements d'horizon leur trouble la vue

ils ont un désir de commander
et il n'y a rien à commander

les gens qui croient avoir de l'esprit
vont le chercher dans un pays de chimères
avec des mots qui sont emperlès
pour la seule satiété d'être mirés

votre joie souffre t-elle 
de ne pas être de leurs commérages

on me reprochait le pain que je mangeais
ça m'affamait

ce fonctionnaire de la culture n'aimait pas la joie
ou peut-être ne l'avait-il jamais rencontrée

ce sont les gens qui aiment la joie
qui n'ont point de vanité

ils se transmettent la vanité
c'est las leur principal héritage
de génération en génération

tiens des photos sur internet 
    de Claude Brasseur dans le Philosophe indigent
    copyrightées Getty images !    indigent  ? !

    Do Not Trust Carlyle Group






- Florent Aumaître nous régale du texte du Horla
     quelle performance !
- à trop savourer le texte
    la pièce fait moins ressortir l'intériorité 
- Maupassant était un dandy
- Bel Ami a chopé la syphilis
- les Gents élégants se refilent la chtouille
- y compris la chtouille intellectuelle
- le personnage finit par bruler sa maison
    et zut il avait oublié les domestiques
- ce sont des êtres humains après tout
- on serre le poing 
- on souffle dessus
- on passe à autre chose
- oups
- voilà bien tout l'esprit de ces gens las
- voilà bien tout l'esprit de notre époque
- et pic et colle et gramme
- in sta gram
- Maupassant n'aura pas de descendance

On dirait que l’homme, depuis qu’il pense, a pressenti et redouté un être nouveau, 
plus fort que lui, son successeur en ce monde

- le Horla serait cette progéniture redoutée
- ce pourrait être une analyse freudienne
- loin du Désespéré de Gustave Courbet 
    dont l'autoportrait sert d'affiche
- repris aussi par le Livre de Poche pour le Horla
- un tableau remis au goût du jour par la rétrospective Courbet de 2007
- Gustave Courbet a peint ce tableau entre 1843 et 1845
   il vient d'arriver à Paris 
   pour bien comprendre le tableau
   il faut imaginer le jeune Courbet
   qui vient de comprendre la culture de connivence
- ou comment fonctionnent les subventions d'État
    ou comment se faire introduire auprès de mécènes choisis
- choix cornélien d'avoir à sucer Delacroix 
    tous les matins au p'tit déj.
- et se faire Chopin en nocturne
- Gustave Courbet n'aura jamais de commandes d'État
- et là tu comprends son autoportrait en homme blessé
- et l'allégorie de l'Hallali du cerf
    ou l'Hallali de Gustave Courbet et des parichiens
- Courbet tenait tellement au Désespéré
    qu'il l'emmena avec lui dans son exil en Suisse
- après la Commune de Paris
- après les mois d'emprisonnement 
- il avait dû fuir la France 
    qui dans ses grandes heures démocratiques 
    avait menacé Courbet de séquestrer tous ses biens
- Adolphe Thiers a fait massacrer 30 000 communards
    en une semaine dans les rues de Paris
    son hôtel particulier place Saint Georges 
    a été reconverti en Institut philanthropique (sic) !
- les gouvernements peuvent bien décider quelque chose
    les administrations aussi ont leurs dictateurs
- Courbet a été condamné à rembourser la colonne Vendôme
- les Communards avaient déboulonné les méfaits de Napoléon Ier
- symbole des duperies du second empire
- Courbet en avait juste émis l'idée 
- et combien ça coûte une colonne Vendôme ?
- combien coûte une idée ?
- Courbet a été condamné à l'exil
    et à payer 33 annuités de 10 000 francs
- 330 000 francs or de l'époque !
- condamné à partir du 1er janvier 1878
- et il est mort le 31 décembre 1877 !
- et où se trouve le Désespéré actuellement ?
- il est détenu par Conseil Investissement Art BNP Paribas
- mais que fait le front de gauche ? 
    il faut libérer le Désespéré et le rendre à la Nation
- réhabiliter Courbet en faisant un grand concert place Vendôme
- donner l'occasion à Bernard Lavilliers de chanter
   entre le Ministère de la Justice
   le siège France de JP Morgan Chase
   les Palaces du Golfe persique
- plein de symboles 
- ici dedans
- au milieu des demi-dieux dans les centres-mondes
- hors la loi
- la la loi
- on est loin de Maupassant et de sa chtouille là


 






- C'est encore mieux l'après-midi  
    une pièce pleine de têtes à queue
- les portes claquent avec une certaine réjouissance
- c'est chorégraphique
- dans la grande tradition des Feydeau
- pour contenter le bourgeois
- une pièce de Ray Cooney adaptée par le regretté Jean Poiret
- José Paul réussit la petite musique de joyeux bordel
- une pièce pour faire oublier les affaires
- non pour montrer l'envers des décorations
- Picabia disait que les hommes portent à leur boutonnière
    les aventures extra conjugales de leur femme
- pas d'acteur vraiment connu dans cette pièce
- c'est un peu comme si le vivier s'était amenuisé
- quand tu entends les directrices de casting 
    pardon    les directrices de castration
    tu comprends pourquoi
bon c'est la dernière fois que je viens à Paris
- du moins jusqu'à demain








le miroir de la vie -  ce que fait l'un, les autres le font aussi
Giuseppe Pellizza Da Volpedo - 1895



Quintessence - Cirque Alexis Gruss - Paris Porte de Passy et en tournée Zéniths de France









lors d'un Radioscopie de 1976 
Coluche se montre pessimiste quant à l'avenir du cirque
pourquoi des gens viendraient encore au cirque
à l'heure du cinéma et de la télévision
Jacques Chancel se veut rassurant
le cirque arrivera toujours à se renouveler
les spectateurs continueront d'aller au cirque

quarante ans plus tard   le cirque continue d'exister 
le festival du cirque de Paris propose des formes diverses
même à l'heure du média supplémentaire qu'est internet

Quintessence est le 43ème spectacle de la famille Alexis Grüss
et Alexis Grüss très présent 
transmet la persévérence

Quintessence comme un retour aux fondamentaux
nombreux numéros de la famille Grüss avec les chevaux
et quels complices époustouflants !
un point d'orgue avec ce carroussel 
jusqu'à 17 chevaux tenus par un même écuyer !


nombreux numéros des Farfadais 
acrobaties mises en relief par des chorégraphies féériques
un plateau amovible
des partenaires tenues à une cheville près
par la force des seules jambes croisées !


nombreux numéros de jonglage
et quelle maitrise pour les accomplir 
sur les chevaux lancés à cadence

note d'humour attachante que propose Gypsy et ses deux chiens 
natures et un rien espiègles

10 musiciens et une chanteuse en direct

l'aisance et le sourire
qui masquent les années de travail

moins d'effets de mise en scène que lors du dernier spectacle Pégase & Icare
mais comme il est facile aujourd'hui de tourner 
et retourner la tête des spectateurs
des électeurs   des cons sommateurs 
et quels dégâts encore à venir
lorsque le marketing utilise l'esbroufe

rien de tout celà ici

Quintessence est bien un retour à l'essentiel
un spectacle d'être humains non robotisés
avec le droit à l'erreur
et l'occassion de recommencer pour réussir

à l'heure où des micro cosmes 
se targuent de n'avoir aucune estime pour le mérite

il est bon de reprendre une vraie mesure
d'un spectacle basé sur le mérite et la persévérence

au cirque Alexis Grüss 
les spectateurs applaudissent vrai




http://paris.alexis-gruss.com/quintessence-le-spectacle/











Radioscopie de 1976 : Coluche et Jacques Chancel












la Peur - Stefan Zweig - Élodie Menant - théâtre Michel







article 1 : la Peur
article 2 : la Peur
article 3 : la Peur
article 4 : où sont les toilettes ?

                              Léo Ferré - la Violence et l'Ennui

la Peur comme système
la bêtise comme compensation


les écrits sont-ils plus salutaires
qu'ils n'engendrent de malfaisance...

faire cette lecture de l'Histoire
où un Charles Dickens aurait donné un mode d'emploi de nuisance aux Américains
à Ayn Rand et son idélologie du triomphe de l'égoïsme
triomphe du plus riche   coûte que coûte

en décidant de se suicider
Stefan Zweig n'aurait-il pas compris
que ses écrits sont restés impuissants à la montée du nazisme
mais auraient donné bien malgré lui un supplément de manipulation
thème récurrent aussi des films de Fritz Lang
la manipulation était déjà omniprésente

la Peur 
un recueil publié en 1925
et une nouvelle qui pourrait s'intituler la Manipulation

c'est révéler une partie du spectacle
et il faut voir cette pièce comme un film de Hitchcock
que l'on aurait oublié ou pas encore vu

on pourrait très bien ne voir dans cette pièce
que l'histoire d'un couple
ce serait assez réducteur au regard de l'expressionisme germanique


lui est avocat 
ce n'est pas un hasard
le bon sens commun voudrait que les avocats sont épris de justice
il n'en est rien 
l'argent est toujours le moteur
la société repose sur l'ordre
et le désordre est celui des plus nombreux
les gens qui passent leur temps en commérages
le passe temps le plus asocialement partagé
com et rages basés sur la Peur

Stefan Zweig décrit un couple 
qui aurait tout pour être heureux
si ce n'est...
un moment de bascule

l'adultère et son corollaire la jalousie
un temps où le mariage était possession de l'autre
alors qu'une idée courante aujourd'hui serait   mon corps est à moi

la pièce se situe dans l'instant
les motivations des personnages sont laissées libres aux spectateurs

prouesse d'Élodie Menant et les comédiens 
de faire ressentir cette nouvelle sur scène
par les déplacements de décor
les présences et non présences

il y a quelque chose de Bernadette Lafont chez Hélène Degy
et pas seulement 
une modernité

Aliocha Itovich compose un personnage fin XIXème

Ophélie Marsaud est là pour troubler 

il y avait ce soir plus de spectateurs que de spectatrices 
tous les soirs ?
alors que le public du théâtre est davantage féminin

le succès de la pièce montre que le thème de la Peur est d'actualité

Bernard Lavilliers reprenait en septembre son album Pouvoirs de 1979
avec son titre phare la Peur et cette clé
la Peur c'est le chantage du Pouvoir

il y a encore cinquante ans
les salariés étaient payés en espèce
aucune crainte de conserver son argent chez soi
nombre de personnes n'avaient de compte en banque
ni de chéquiers

le 18 février 1976   Roger Gicquel ouvre son journal de 20h
avec cette phrase choc :  la France a peur  
et confirme aux marchands que la peur fait vendre
plus que la joie


pour le marketing aujourd'hui omniprésent 
les cons sommateurs sont des cibles à piéger

pour les ressources humaines
les employés sont des ETP (Equivalent Temps Plein) à dégraisser

pour les laboratoires pharmaceutiques
les cobayes sont des rentes

pour les multinationales
seul le profit compte

Charlotte Delbo rappelait que
pour la machine économique
il faudra toujours une guerre quelque part

et Stefan Zweig faisait ce douloureux postulat dans Jour de Paix
il y aura toujours une guerre quelque part

la pièce la Peur se termine sur une fin bien optimiste
qui ressemble à une commande de l'éditeur


la culture n'est pas généreuse ?
elle n'a pas à l'être ?

des subventions publiques pour un entre soi auto centré ?


la Peur 
à force de manipulations
ce serait d'être détourné
de la vie à laquelle on aspirait

et qui peut dire qu'il n'est pas manipulé


des propositions pour vivre ensemble ?
vivre mieux ?